Le lundi 29 avril 2013. Il est 7 heures 20 minutes. Aux rivages d'immenses excavations, sur une douzaine de kilomètres, le Premier ministre Beyon Luc Adolphe TIAO est de retour sur un chantier qu'il a déjà visité en juillet 2011. De la capitale, les échos disent qu'il avance à un rythme peu satisfaisant. Alors comme à son habitude, il veut voir de près, sur le terrain comment se déroulent les travaux, quelle ambiance règne sur le chantier ? Rien ne vaut donc sa présence physique.
Une visite au pas de charge, un entretien hors micro et caméras avec le staff du programme de développement intégré de la vallée de Samendéni (PDIS), un arrêt sur le site d'accueil des déplacés de Soungalodaga. Trois heures de constat et tous les acteurs sont regonflés à bloc. Que peut-on en retenir ? A 07 heures 20 minutes, le cortège franchit le portail d'accès au chantier de Samendéni. Quelques mètres, sur la droite, un paquet de villas. Le panneau affiche « Cité des ouvriers ». Dès l'entrée, la boutique de la cité. Le temps de fixer une image dans la mémoire, et nous voici sur le premier site à visiter, les travaux de déblayage de l'évacuateur de crues. Il est suivi de quatre autres sites : ceux de remblayage de la digue du barrage sur son flanc droit, de l'emprise des ouvrages centraux du barrage et de la centrale électrique, de la paroi moulée dans le lit mineur du fleuve et enfin, le site de déboisement de la cuvette du barrage.
A chaque arrêt, le Coordonnateur du programme, le Colonel Tamoussi BONZI, réglette en main, commente le tableau de présentation : description du site, point des travaux, difficultés, perspectives de solutions. Un commentaire qui aiguise toujours la curiosité du Premier ministre et suscite, invariablement, quelques demandes d'éclaircissements, la vérification des dispositions prises pour contourner les difficultés, respecter les délais d'exécution et garantir la bonne exécution des ouvrages. Le PDG de l'entreprise adjudicataire, monsieur Georges FADOUL et son ingénieur conseil, monsieur Charkani Badr EDINE, constamment interpellés par son Excellence TIAO, viennent à la rescousse de monsieur le Coordonnateur. Visiblement bien préparés et en possession de leur sujet, ils complètent ses commentaires, expliquent et rassurent leur auditoire. Le marché est exécuté par une société burkinabè, l'entreprise Fadoul, en association avec une société marocaine, spécialisée dans ce type de réalisation.
La visite de terrain est suivie d'un entretien à huis clos entre la Premier ministre et les premiers responsables du Programme de développement intégré de la vallée de Samendéni et ceux des deux entreprises. Ensuite, la délégation se déporte sur un des sites d'accueil des populations déplacées et recasées par le Programme, à Soungalodaga 3. Là, il s'est agi pour son Excellence monsieur le Premier ministre, de passer un message aux populations. En deux actes. D'abord, du concret, par la remise de vivres et de moustiquaires imprégnées ; ensuite, à travers un mot d'encouragement et de remerciement, l'expression de la solidarité nationale et celle du Gouvernement. En résumé, Beyon Luc Adolphe TIAO, compatissant, dira en substance : « nous savons tous que, quitter sa terre où on est né, c'est difficile. On y laisse toujours un peu de soi-même, un peu de son âme. Mais, nous sommes obligés de passer par là et vous l'avez compris et accepté. C'est pour quoi le Président du Faso, Blaise COMPAORE m'a envoyé ici aujourd'hui pour vous transmettre notre reconnaissance et ses salutations.
Vous avez des problèmes d'eau potable, d'alimentation, de soins, de réinstallation dans vos nouveaux sites…Ce n'est pas facile mais vous avez accepté le sacrifice parce que, le Gouvernement a décidé de construire ici un grand barrage, le troisième de tout la pays. A partir de la mise en fonctionnement de ce barrage, Samendéni sera un pôle de croissance. Il va offrir de l'emploi à plus de cent mille personnes et produira suffisamment de quoi manger et vendre aux autres régions du pays. En ce moment, ce n'est pas qui viendrons vous donner des céréales comme ce matin ; mais ce sera vous qui nous en donnerez. Je vous invite à continuer à bien collaborer avec les travailleurs et les entreprises. Chaque fois qu'il y a une difficulté, approchez les et discutez pour trouver ensemble, la solution…».
Au terme de son deuxième séjour sur le site du Programme de développement intégré de la vallée de Samendéni, le Premier ministre a confiéà la presse qu'il était animé du sentiment que le chantier n'était pas exécutéà un bon rythme. Cette impression s'est vérifiée sur le terrain. Aussi, il a donné des instructions fermes à tous les acteurs afin qu'ils accélèrent l'exécution des travaux. Le chantier accuse un retard de six mois sur le calendrier initial ; les responsabilités sont certes partagées, mais ce retard doit être résorbé. Il s'agit d'une promesse du Président COMPAORE aux Burkinabè. Son engagement doit être tenu en 2015.
A la Coordination, il a demandé de renforcé le suivi des travaux et de lui rendre compte mensuellement de l'état d'avancement du chantier. Dès qu'une difficulté apparait, rendez vite compte au ministre qui me la répercutera. Allez vers les populations, discutez avec elles pour éviter les tensions sociales qui pourraient gripper vos travaux. Veillez à ce que les quatre millions d'arbres qui seront détruits pour libérer le lit du barrage, douze mille hectares sur cent soixante dix sept kilomètres de périmètre, soient compensés par des mesures environnementales conséquentes.
A Madame la ministre en charge du dossier, Mamounata Bélem, il a instruit de soumettre au Conseil des ministres, un rapport tous les trimestres, pour rendre compte de l'évolution des travaux.
Quant au consortium d'entreprises il a demandé de remettre à la coordination, à son attention, un planning rigoureux des travaux sur l'année et sur la période restante à couvrir ; jusqu'en 2015. Il doit œuvrer à instaurer un bon climat social avec ses travailleurs en évitant les retards de paiements constatés avec les services de gardiennage. Il doit dialoguer avec son personnel pour résoudre les différends de travail qui ne manqueront pas. Il doit respecter ses engagements en renforçant ses effectifs, ses équipements, en honorant les salaires des travailleurs. C'est à ce prix que vous pourrez respecter le délai prescrit pour livrer l'ouvrage avant 2015.
La main sur le cœur, Georges FADOUL assure et rassure, c'est garanti à cent dix pour cents. Nous serons au rendez-vous. Mon grand frère est venu ici aujourd'hui, c'est pour faire le constat avec nous. Nous avons des chantiers en finition au Togo, tout le matériel et les travailleurs qui y sont vont nous rejoindre. « Aucune crainte Excellence, vous serez satisfait », foi de Georges FADOUL qui pour témoigner de sa sincérité, invite le Premier ministre à revenir dans un mois pour voir l'évolution du chantier. Rendez-vous accepté, mais pour le mois de juin 2013.
Données statistiques du PDIS
L'exécution totale du projet durera vingt ans. Coût total deux cent millions de francs. Cinq tranches sont prévues. La première coûte soixante quinze millions de francs.
Caractéristiques du barrage : volume ou capacité affichée, un million cinquante mille mètres cubes ; soit le troisième du pays. Délai d'exécution de la première tranche : 2015. Production attendue de la centrale hydroélectrique, 16,8 Gwh. Superficies aménagées pour l'exploitation hydro agricole : vingt et un mille hectares dont mille cinq cents à cette phase une. Elles vont générer : 100 000 tonnes de riz ; 150 000 tonnes de céréales ; 300 000 tonnes de cultures maraichères ; 50 000 tonnes de fourrage, 2 000 000 de litres de lait ; 1 800 tonnes de viandes et 1 100 tonnes de poisson. Au total les revenus d'exploitation sont estimés à près de 16 milliards par année sur un volume d'affaires de 30 milliards de francs CFA.