Le Premier ministre Beyon Luc Adolphe TIAO a débuté les tournées de suivi de la campagne agricole en cours dans la région du Sud-ouest. Il a visité les bas-fonds rizicoles de Oronkua, de Ouizine, de Ouadiel, des exploitations privées à Gnaba et à Tonkar, les 13 et 14 août 2014. Principal constat : une irrégularité des pluies qui inspirent des craintes de famine dans le Noumbiel et le Poni, sans pour autant plomber tous les espoirs d'une saison pluvieuse acceptable, si le ciel se mettait à ouvrir ses vannes. Dans le pire des cas, le Gouvernement assure son assistance alimentaire aux populations.
« Le Poni et le Noumbiel sont affectés par un stress hydrique. Il pleut mais pas dans la régularité. Nous ne perdons pas espoir. Nous ne sommes qu'à la montaison. S'il y a des pluies, nous pouvons rattraper les choses » : a résumé Luc Adolphe TIAO sa tournée agricole des 13 et 14 août 2014, en compagnie du ministre de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire (MASA), Mahama ZOUNGRANA.
A Oronkua dans la province du Ioba, première étape de sa sortie, le Premier ministre TIAO a visité un bas fonds rizicole de 32 ha aménagés en 214 parcelles, reparties entre 209 exploitants regroupés au sein du Groupement Ikaa-gnin (essayons !). Son secrétaire général, Gaston SOME a expliqué que les contraintes pluviométriques, les difficultés de gestion de l'eau, le manque de magasin de stockage du riz, l'absence d'une aire de battage et d'un centre d'étuvage mettent à rude épreuve la production. L'illustre hôte a promis aux 118 hommes et 91 femmes exploitants le site le soutien du Gouvernement. Sur-le- champ, il leur a offert cinq charrettes, des arrosoirs et des pics.
Après un mot d'encouragement à l'endroit des populations, le Premier ministre s'est rendu à Ouizine. Accueilli dans l'exploitation de Sylvain SOMDA, le Chef du Gouvernement découvre une vaste aire agricole hétérogène de 27, 5 ha. Le producteur SOMDA y cultive du maïs, au stade de floraison ; du sorgho, en montaison ; et du coton, en floraison capsulation. Il a dit toute sa joie de recevoir un illustre hôte. C'est un sentiment partagé par les agriculteurs de la zone, gratifiés, eux aussi, de cinq charrettes, cinq brouettes, deux motopompes, deux tricycles et des arrosoirs.
Puis, le cortège gouvernemental s'ébranle vers Diébougou. A 50 km de la capitale de la Bougouriba, à Gnaba, un ancien déflaté du chemin de fer met en pratique des connaissances reçues en Israël. Betrand SOME est passé maître dans la récupération des terres arides qu'il enrichit par des déchets naturels et domestiques. L'aspect de son exploitation, composée de maïs, de riz, de niébé, entre autres, tranche avec le paysage saisonnier général. « La campagne est, dans l'ensemble, affectée par une grande poche de sécheresse. Mais ici, nous sommes sur une terre propice qui donne bonne impression quand il n'y a pas beaucoup d'eau. Sinon, nous sommes inquiets pour le reste des terres non humides », a affirmé Bertrand SOME. La superficie de 9 ha, qu'il exploite avec l'aide de trois employés permanents et grâce à un tracteur, une charrue, une paire de bœuf, un triangle sarcleur, fait sa fierté et celle du visiteur TIAO. Un modèle que le Chef du Gouvernement a félicité. Dans ce champ, Luc Adolphe TIAO, enthousiasmé, s'est ouvert à la presse. « Nous avions le souci de venir voir de près la situation.
C'est une région généralement bien arrosée, mais elle connait des perturbations. Ici à Gnaba, nous sommes venus féliciter M. SOME qui a récupéré des terres pauvres », a-t-il dit. Et de poursuivre qu'il se pose de façon générale un problème d'encadrement et un manque de moyens techniques. A propos du matériel technique, il a invité les agriculteurs à« ne pas tomber dans le mythe du tracteur » et les petits producteurs à se mettre en synergie pour acquérir les outils accessibles. « Nous incitons les paysans à s'adapter aux changements climatiques, comme l'a fait M. SOME », a-t-il ajouté. Il a également apprécié les efforts fournis par les techniciens de l'agriculture pour l'acheminement des intrants agricoles en milieu rural.
Sur ce site, des femmes venues à la rencontre du Premier ministre lui ont demandé un forage. « Je m'engage à vous fournir ce forage », leur a-t-il répondu.
Luc TIAO est reparti à Diébougou où il a visité une usine de transformation de manioc et une exposition d'échantillon de produits transformés ( à base de manioc, tournesol, souchet). En majorité composés de femmes, les transformateurs ont dit souffrir de l'insuffisance des matières premières. Un cri du cœur que le Premier ministre TIAO n'a eu de cesse de répercuter aux producteurs rencontrés à qui il a expliqué la nécessité d'accroître les productions.
Craintes au Nombiel
Jeudi 14 août, deuxième jour de sa sortie, Luc Adolphe TIAO est allé constater de visu dans le Noumbiel, plus précisément à Ouadiel dans la commune de Legmoin les effets de la sécheresse. Le bas-fond rizicole de 100 ha dont 42,7 sont exploités par le Groupement Wonta (entente) présente des plants de riz au stade de tallage, c'est-à-dire de pousse. Ouadiel attendait toujours sa première pluie d'août. Les dernières précipitations enregistrées remontent au 24 juillet. Du coup, la prévision de 192 tonnes de céréales à produire cette saison est menacée. D'avril à juillet de cette année, sur le bas-fond aménagé en 178 parcelles sont tombés 448, 6 mm d'eau en 27 jours. Une moyenne supérieure à celle de l'année antérieure (327, 7mm), comparativement aux mêmes dates. Sylvain KIENDREBEOGO de Wonta de conclure : « La quantité de pluies tombées cette année n'est pas minime par rapport aux autres années. Mais la répartition des pluies dans le temps et dans l'espace est irrégulière ». Luc Adolphe TIAO a assuré les populations de l'élaboration d'une politique de résilience pour faire face à une éventuelle famine. Mais il les a appelées à l'espoir. « La saison sera bonne. Ce n'est pas encore tard. Ma présence va vous apporter une chance : la pluie ». Et si l'opération « Saaga »était la solution ? M. TIAO n'écarte aucune possibilité.
Les membres du groupement Wonta ont bénéficié de matériel agricole divers. Le Chef du Gouvernement s'est engagéàœuvrer au désenclavement de la zone et à la construction d'une retenue d'eau.
A Gaoua, exactement à Tonkar, le Chef du Gouvernement a dit toute son admiration à un producteur exemplaire, Mahondomo PALENFO, exploitant une superficie de 31, 5 ha, employant 18 travailleurs permanents et 65 temporaires. La culture du riz (17 ha), du manioc (5,5 ha), de l'arachide (2 ha), du maïs (7 ha), fournit à cet homme, devenu agriculteur après son baccalauréat, un bénéfice net saisonnier de cinquante millions (50 000 000) de francs CFA. Le ministre Mahama ZOUNGRANA a demandé au Premier ministre de féliciter PALENFO, principal fournisseur de bouture de manioc aux autres producteurs nationaux. Quand on lui demande son secret, M. Palenfo répond : « La détermination et la foi en mon travail ». Luc Adolphe TIAO a clos sa tournée à la ferme avicole de Colette KAMBOU. Débutant en 2010 avec 15 volailles, dame KAMBOU compte actuellement dans son poulailler plus de 156 poules. Ses ventes lui rapportent parfois plus de 862 000 francs par mois. M. TIAO a vivement encouragé cette dame qui s'illustre bien dans le cadre du projet d'amélioration de l'aviculture traditionnelle. Une réussite qui a aiguisé d'autres appétits chez Mme KAMBOU. Elle est sur le point de se lancer dans l'élevage des porcs.
A la fin de sa visite, Luc TIAO a réaffirmé le besoin d'accompagnement plus soutenu du monde paysan. Des semences améliorées, des retenues d'eau, des agropoles à l'instar du Sourou, sont nécessaires, à ses yeux, pour booster l'agriculture dans le Sud-ouest et créer les conditions de l'autosuffisance alimentaire.
Des poches de sécheresse dans la région du Sud-ouest : En attendant la reprise de l'opération Saaga !
En marge de sa tournée agricole, les 13 et 14 août 2014 dans le Sud-ouest du pays, le Premier ministre Beyon Luc Adolphe TIAO a échangé avec les acteurs de l'agriculture à Gaoua. Au centre des discussions, le mercredi 13 août 2014, le rapport des activités agricoles à mi-parcours, présenté le Directeur régional de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Célestin Pascal KABORE. Le Directeur régional de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Célestin Pascal KABORE a présenté, en introduction des échanges, des données essentielles, les principales actions, l'état d'évolution de la campagne agricole et les contraintes.
La région du Sud-ouest s'étend sur une superficie de 16 597 km2 et abrite 729 362 habitants, soit une densité de 43 habitants par km2, a indiqué Pascal KABORE. L'agriculture représente 76% des activités. Les terres agricoles sont estimées à 1 264 800 ha, les forêts étatiques à 133. 700 ha. La région compte 47 retenues d'eau dont 37 barrages.
Les principales actions, à entendre M. KABORE, ont consistéà la mise à disposition de motopompes et de tricycles motorisés aux populations, à l'acquisition de semences et d'intrants, à la gestion des eaux, des sols et à la sécurisation foncière, à la production de plants de reboisement, de produis forestiers non ligneux, à la réalisation de 48 forages et la réhabilitation de 16 autres.
L'état d'évolution de la campagne fait ressortir un retard de démarrage, des poches de sécheresse (trois semaines de sécheresse dans le Noumbiel), une mauvaise germination. Le Directeur régional de l'Agriculture a également fait cas de grandes disparités pluviométriques entre et dans les provinces. Les cultures, elles, sont à un stade moyen de développement. Les seuils de plantules et de montaisons sont les plus fréquents dans le Poni et le Noumbiel. Les populations labourent et continuent de semer.
Les contraintes se résument au stress hydrique et à l'absence de main d'œuvre, engloutie par l'orpaillage très développée dans la zone. Le Premier ministre Beyon Luc Adolphe TIAO a témoigné sa gratitude à tous ceux qui accompagnent le monde rural. Il a loué l'engouement des populations pour la production et celui des femmes pour la transformation. Il a réaffirméà tous les acteurs l'intérêt de l'encadrement agricole. Il a également conseillé les producteurs à s'adapter aux changements climatiques en recourant aux meilleures pratiques et techniques culturales. Luc TIAO a annoncé l'élaboration d'un plan d'urgence pour contrer une éventuelle famine. « Il n'y aura pas de disette. Vous ne serez jamais abandonné», s'est-il adressé au maire de Gaoua, Youl SANSAN qui dit craindre le pire.
Les intervenants ont relevé des difficultés liées à l'insuffisance des intrants, le manque d'eau, l'enclavement de certains villages. Certains acteurs ont demandé la date de remise des animaux de traction dans le cadre du programme 100.000 charrues.
Concernant l'insuffisance de l'engrais, le ministre de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Mahama ZOUNGRANA a affirmé que l'indisponibilité de cet intrant rend impossible la satisfaction de tous les producteurs. Il a exhorté les agriculteurs à recourir à la fumure organique, beaucoup plus accessible. La délégation gouvernementale a promis de fournir des ressources en eau suffisantes et des pistes praticables aux populations du sud-ouest. A propos des animaux de traction, Luc Adolphe TIAO a confié qu'il tient à l'aboutissement de ce projet présidentiel. Le goulot d'étranglement : des questions de procédure et l'indisponibilité des bêtes.
A un intervenant qui a désigné le programme « Saaga » comme la cause des poches de sécheresse, le ministre ZOUNGRANA a rétorqué que l'opération « incriminée » n'a jamais provoqué un dérèglement climatique. A ceux qui espèrent sa reprise, il a dit qu'elle fait toujours partie du dispositif de mobilisation des ressources en eau.