Le lundi 07 juillet 2014, Feu Son Excellence Gérard Kango OUEDRAOGO, décédé le 1er juillet 2014, a été conduit à sa dernière demeure au sein du caveau familial en la chapelle de Soubô, précisément à Yiirim. Une localité située à quelques kilomètres de la capitale du Yatenga.
Transportée de OUAGADOUGOU à OUAHIGOUYA la veille, la dépouille de Gérard Kango OUEDRAOGO a été conduite dans la grande église de la ville ce lundi matin à 09 heures. Le public, venu très nombreux, a débordé l'enceinte de l'église. Des délégations sont arrivées même des pays voisins comme la Mali.
Le Chef de l'Etat, le Président Blaise COMPAORE y était représenté par le Premier ministre, Beyon Luc Adolphe TIAO, à la tête d'une forte délégation Gouvernementale. Des diplomates, comme leurs Excellences Gilles THIBAUD, Ambassadeur de France et Alain de HOLLEVILLE, représentant résident de l'Union Européenne au Burkina. Des élus nationaux et locaux, des représentants des formations politiques de la majorité et de l'opposition ; etc. Bref, l'aéropage de personnalités venues rendre un dernier hommage à l'illustre disparu témoigne de sa grande dimension et de ce qu'il fut et représente pour toutes et, pour notre pays.
Illustration : la messe a été dirigée par Son Eminence, le Cardinal Philippe OUEDRAOGO en personne, qui fut pendant plus d'une décennie, le patron de l'église de OUAHIGOUYA. Son témoignage fut émouvant, sur deux idée force. Premièrement, Gérard, l'Homme et, ensuite, Gérard, le Croyant. L'Homme : Gérard, tout au long de son existence a aimé ; il a toujours aimé son prochain, sa famille, son pays, l'Afrique. C'est là, l'essence de son long combat politique, pour son pays, pour la vérité, pour la démocratie, pour le respect des droits des autres. Combats qui lui couté de grands sacrifices, de la témérité, de la constance dans l'engagement.
Ensuite, Gérard, le Chrétien, l'homme de foi, baptiséà Bamako en 1943, confirmé, marié selon les rites de l'église en 1947. Gérard, très attachéà sa foi, à l'église, souvent à la messe. Mais Gérard, polygames. Alors, pourquoi, l'église accueille sa dépouille et, lui consacre cette messe ?
Le Chef de l'église Burkinabè en est un témoin acteur. Gérard est venu à lui en 2007, pour régulariser sa situation. Il l'a accueilli, mené les investigations nécessaires, entendu toutes les personnes concernées, requis tous les avis indiqués et, convaincu de la sincérité de la démarche de Gérard, il l'a réconcilié avec son église.
Depuis, sur inspiration de son épouse de retour de son pèlerinage à Lourdes, en France, il a érigé une chapelle pour la communauté chrétienne de son village Yiirim à Soubô. Chapelle au sein de laquelle, il a prévu le caveau familial qu'il inaugure lui-même, ce jour 07 juillet 2014. Gérard est, faut-il le rappeler, Chef coutumier de Yiirim.
Après la messe, grandiose, le long cortège funèbre se déporte dans cette chapelle pour une prière d'adieu et, la descente du corps dans le caveau familial. Auparavant, l'auditoire a eu droit à une série de messages d'hommages au regretté Duc du Yatenga. Sept porte-paroles Se sont succédé devant le parloir dressé pour la circonstance.
D'abord, Son Excellence Beyon Luc Adolphe TIAO. Celui-ci a pris la parole au nom du Président COMPAORE pour rappeler à tous, que Gérard fut d'abord et surtout, un exemple accompli de vie, de combats politiques, de réussite, de vérité, d'engagement pour son pays. Un exemple d'humanité, d'humilité, un exemple de foi. Cet homme exemplaire, multidimensionnel laisse ainsi, un lourd héritage que la postérité doit perpétuer pour mériter de l'illustre disparu. Suivront, ensuite, les portes paroles de : son parti, l'Alliance pour la démocratie et la fédération, Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) ; du RDA-Mali, des SAMOS, parents à plaisanterie avec la voix de PARE Emile, des partis de la majorité présidentielle, des autorités coutumières, du roi du Yatenga. Unanimes, tous les intervenants salut l'exemple d'homme d'Etats, un tribun, un politique fin et téméraire, intelligent ; mais également, un sage, un homme tolérant, un homme de dialogue, de pardon. Gérard s'est illustré comme un irréductible militant de la vérité, de l'indépendance de son pays et de l'Afrique. Un exemple de courage et de constance dans l'engagement politique.
A l'heure des Adieux, c'est le parent à plaisanterie, le Docteur Emile Parguim PARE, qui a débridé l'atmosphère. Tantôt fils du défunt, tantôt son maître, tantôt son héritier politique, PARE a surtout dépeint l'illustre disparu comme un serviteur exemplaire du Président SANGOULE LAMIZANA, un prisonnier politique de luxe du Président SAYE ZERBO qui, avec KI ZERBO, s'impatientent tous les trois, de l'accueillir au royaume des cieux pour poursuivre le débats politique inachevé sur la terre libre du Burkina.
Comme quoi, même aux heures les plus sombres de notre existence, le Burkina trouve un espace pour sourire, transcender les affres de la mort, détendre la tristesse de l'assistance et redonner espoir aux âmes meurtries. Gérard KANGO OUEDRAOGO, repose en paix désormais dans la terre libre du Burkina Faso ; cette terre que tu as si bien aimée, défendue et promue.
Qui fut Gérard Kango OUEDRAOGO ?
19 septembre 1925-1er juillet 2014. Gérard Kango OUEDRAOGO est mort à 89 ans. A son décès, l'illustre défunt assumait les fonctions de Chef coutumier de Yiirim, son patelin familial. Il a assumé de hautes fonctions politiques au titre desquelles on peut retenir qu'il a été : député au Palais Bourbon en France avant les indépendances ; Ambassadeur de la Haute Volta à Londres ; ministre des finances, Premier ministre et ministre des anciens combattants de la Haute Volta du Président Sangoulé LAMIZANA ; Président de l'Assemblée nationale de Haute Volta. Toujours en politique, Gérard a eu le virus politique dès sa jeunesse ; aussi, il a été un acteur constant depuis les années quarante. Il est initiateur de plusieurs formations politiques et membres fondateurs de l'ADF-RDA à Bamako en 1947.
Diplomate de carrière, Gérard Kango OUEDRAOGO a, entre autres responsabilités, assumé les fonctions de : Vice-Président du Conseil de l'Afrique Occidentale Française (AOF) ; Questeur au Grand Conseil de l'AOF à Dakar ; Représentant du Hauts commissariat du HCR ; Directeur des Affaires africaines et malgaches ; Co-Président de l'ACP-CEE ; etc.
Au nombre de ses compagnons de lutte citons : le Président Daniel Ouezzin CULIBALY, Félix Houphouet BOIGNY, Derlain ZINSOU du Bénin, Le Capitaine d'ORANGE, Hamani DIORI du Niger, Sékou TOURE de Guinée Conakry, Joseph Conombo ancien Premier ministre du Président LAMIZANA, Nazi BONI, Joseph OUEDRAOGO dit Jo-OUEDER, Jacques CHIRAC, Maurice YAMEOGO, Jacques Chaban DELMAS, ancien Président de l'assemblée nationale française ; etc. De tous ces compagnons et contemporains politiques des années cinquante, il ne reste que l'ancien Président français, Jacques CHIRAC.